Fibromyalgie
et Syndrome de Fatigue Chronique
~
Hypothèse dune insidieuse intoxication chronique ~
Diffusion auprès de lInstitut
National de Veille Sanitaire Français au 19/04/2001.
Mise en ligne au 14/08/2002.
Eminemment controversés depuis des décennies lencéphalomyélite myalgique ou syndrome de fatigue chronique (SFC), la fibromyalgie (FM) ou syndrome polyalgique idiopathique diffus, voire le syndrome de la guerre du Golfe (SCG), représentent peut-être désormais le révélateur dun phénomène multi-paramétral confirmant lorganicité de ces syndromes complexes.
Nous sommes en face dune pathologie dont la prévalence est évaluée à 2-3 % de la population générale.
Lomniscience de la communauté médicale internationale a décidé que ces syndromes étaient psychogéniques. Nous sommes de plus en plus nombreux à considérer cette conclusion comme erronée et à qualifier dinacceptable la psychiatrisation destructrice de ces malades en quête de vérité, despoir et de soins.
Nous évoquerons dans ce travail concernant plus particulièrement la fibromyalgie, la piste dune origine toxique par accumulation chronique de produits comme les organo-phosphorés, les carbamates, les pyréthroïdes.
Ces molécules sont présentes dans de très nombreux pesticides, fongicides, etc... utilisés en agriculture intensive, dans lindustrie, voire de façon domestique.
Notre réflexion physio-pathologique concernera la voie parasympathique du système nerveux végétatif et les mécanismes daction de lacétylcholine et de son enzyme de destruction par hydrolyse : la cholinestérase.
Sur le plan thérapeutique, les donnée actuelles ne proposent que peu de choses sérieuses en matière de FM.
Aucun traitement étiologique nest connu à ce jour.
Lexamen clinique dun fibromyalgique est lélément probablement le plus difficile et le plus délicat.
Cest une étape longue, qui nécessite toute lattention et la disponibilité de lexaminateur ; le leitmotiv est toujours : « Docteur cela fait des mois que jai mal dans tous mes muscles dans mes articulations ; je suis toujours fatigué(e), jai envie de faire des choses mais je ne peux pas je m"épuise... », ce qui a conduit massivement le corps médical à qualifier cette maladie de pathologie psychosomatique, voire psychiatrique.
Nos travaux réfutent cette thèse à linstar de certains confrères qui souhaitent aussi envisager dautres hypothèses.
Notre expérience clinique concerne 64 fibromyalgiques confirmés, 56 femmes pour 8 hommes. Cette donnée en fonction du sexe est classique.
La prévalence de ce syndrome est actuellement évaluée à 2,2 2,5 % de la population générale. A priori, elle a une prévalence qui augmenterait avec lâge (en particulier chez la femme de plus de 60 ans). Mais on trouve de plus en plus de sujets jeunes atteints.
Tout laisse à penser que la prévalence chez lhomme est sous-estimée actuellement si lon admet dans nos cultures quil peut y avoir une connotation péjorative à ce quun homme soit défaillant sur le plan musculaire et sur sa tonicité. Lhomme consulte indiscutablement moins.
Cette entité pathologique est reconnue depuis 1993 par lO.M.S.
Depuis quelques années ces malades sont en quête de reconnaissance, dexplications et de soins. Ils se sont naturellement regroupés en associations régionales récemment unifiées au sein de lUnion Française des Associations de Fibromlyalgiques (UFAF)
Enfin, sur le plan européen, des structures semblables sont désormais capables dallier leurs forces et leur détermination.
Probablement le moment essentiel.
· 100 % des patients vivent ou ont vécu plus de 10 ans dans les 30 dernières années en milieu rural.
· 80 % boivent régulièrement de leau du robinet.
· 50 % cultivent leur jardin ou consomment des produits végétaux cueillis in situ.
Ces patients expliquent parfaitement leurs myalgies, diffuses polymorphes labiles et variables.
Ces douleurs peuvent être constrictives, meurtrissantes, avec des sensations de brûlures ou de rétractions. (cf. schéma 1)
Elles prédominent au niveau :
· du rachis cervical et lombaire de la ceinture scapulaire (deltoïde-trapèze),
· du tiers supérieur des articulations chondrosternales,
· des muscles du massif épicondylien,
· des extenseurs des doigts,
· des moyens fessiers,
· des tenseurs du fascia lata.
Dans 90 % des cas, les muscles du massif épitrochléen sont indemnes.
Les grands droits ne sont pratiquement jamais douloureux.
Les douleurs articulaires sont quasiment toujours présentes avec la plupart du temps la nécessité dun dérouillage matinal. On ne retrouve jamais darticulation fluxionnaire ni déformée chez les FM pures.
Dans 80 % des cas, il existe une
sensibilité aux variations de pression atmosphérique.
Des douleurs tendineuses et ligamentaires sont quasiment toujours présentes.
Tous les patients présentent une douleur exquise au niveau de la face interne des genoux juste au dessous de linterligne dans la région de la patte doie.
100 % des patients examinés relatent cette fatigue anormale depuis plus de 6 mois.
Dans 50 % des cas on retrouve un choc
physique (traumatisme, chirurgie ..), affectif (décès, divorce
..), ou social (perte demploi, conflits professionnels,
harcèlement...).
Cette fatigue nest jamais majeure au lever. Dans 85 % des cas, elle est fluctuante en fonction de lactivité physique nécessitant des pauses régulières dans la journée. Seul le repos permet à ces patients de récupérer suffisamment pour évoluer par à coups dans leur vie quotidienne. La totalité des patients relate la proportionnalité qui existe entre laugmentation des douleurs musculaires et la fatigabilité croissante quils ressentent. Celle-ci peut être exprimée jusquà lépuisement.
Après un temps variant de ½ heure à 2 heures de repos allongé ils disent pouvoir reprendre une autre phase dactivité quils dosent parfaitement sachant que lévolution cyclique vers létat dépuisement musculaire va se reproduire.
90 % des patients examinés se plaignent de troubles du sommeil : 80% dune sensation de sommeil non réparateur, 5 % de difficultés à lendormissement, 15 % de réveils nocturnes avec sensations dangoisse.
Certains travaux ont mis en évidence sur lEEG des perturbations du sommeil lent profond (SLP) avec intrusion dondes alpha rapides au milieu des ondes delta lentes chez les fibromyalgiques.
Expérimentalement, il a été démontré quune privation en stade IV du SLP chez des volontaires sains entraînait une symptomatologie comparable à la fibromyalgie (cf. schéma 2).
Cet aspect nous semble fondamental. Nous pensons quil est primordial danalyser parfaitement cet aspect de la fibromyalgie. Dans notre étude :
· 4 patients ont des antécédents de prédisposition aux angoisses dans les 5 ans précédents.
· 5 ont bénéficié dun traitement antidépresseur avant les 5 ans précédant lapparition de la FM, dont 2 ont mené à terme une psychanalyse élaborée leur permettant une approche très subtile de leur mal être général et de leur réalité thymique. Ces deux patients expliquent parfaitement lextrême différence existant entre un tableau de dépression classique quils ont connu et celui de leur état psychologique induit par ce tableau de fatigue douloureuse.
· 1 présente une pathologie névrotique avérée
· 53 nont pas de dysfonctionnement de personnalité et présentent un niveau de névrose comparable à celui de la population générale.
· 60 % des patients examinés nont aucun problème de quotidien de vie tant sur le plan matériel quaffectif.
· 25 % sont dun niveau socioculturel et professionnel élevé.
· 85 % sopposent farouchement à lacceptation de ce statut psychiatrique quon leur impose.
· 90 % vivent très mal leur difficulté à assumer leurs tâches professionnelles.
· Mais 95 % disent souffrir de la perte temporaire ou permanente de leur emploi.
Autant déléments qui nous éloignent des tableaux dépressifs ou psychiatriques habituellement rencontrés.
Serions nous devant une forme spécifique dun déséquilibre thymique secondaire ?
Quasiment tous les patients se plaignent
de troubles de la mémoire à court terme. La « perte du
mot » souhaité est le signe le plus fréquemment
retrouvé. Lanalyse de ces patients ne révèle jamais de
défaut cognitif notable. Le raisonnement est pour la totalité
des sujets examinés parfaitement cohérent (cf. schéma 3).
Très souvent litem qui était manquant revient à la mémoire du patient dans les 10 minutes suivantes lors de lentretien.
6 patients pris au hasard ont subi un
mini-mental-test et 100 % ont réalisé le score maximal.
50 % des patients vivent avec des sensations brutales de grand vide intérieur, dangoisse brutale de courte durée avec une impression fugace de mort.
Ces patients expriment cela comme des sensations de « pointillés » dans leur vécu conscient sans cause événementielle particulière (cf. schéma 4).
La totalité des patients évoque des
dysesthésies à type de fourmillements voire de brûlures
cutanées migratoires et fugaces. Ces paresthésies touchent
fréquemment les extrémités.
80 % des patients relatent des crampes musculaires et des « sensations de décharges électriques » prédominant le matin au réveil et leur imposant souvent de se lever.
16 malades ont un signe de Tynel positif avec une EMG strictement normale
80 % des patients présentent des céphalées et 20 % des migraines vraies.
75 % des malades se plaignent de lombalgies récidivantes avec une irradiation localisée bilatérale irradiant dans les fesses et dépassant rarement la face postérieure des cuisses (cf. schéma n° 5).
Sur le plan respiratoire :
On note dans 30 % des cas des rhino-pharyngites, sinusites, rhinites « allergiques » à répétition.
On retrouve dans 50 % des cas des sensations de dyspnée sans substrat, de survenue brutale, et toujours de repos.
4 patients ont subi une EFR qui sest révélée strictement normale.
Il est notable de signaler que seulement 2
patients sont fumeurs.
Sur le plan cardiaque :
45 % des patients ont eu plus de cinq épisodes de tachycardie et/ou darythmie fugace.
Un seul patient a été contrôlé en crise ramenant comme diagnostic : « extrasystolie transitoire bénigne ». 80 % des patients sont normaux-tendus (<à 12/7).
Sur le plan digestif :
Tous les patients se plaignent de dyspepsie :
· Flatulences,
· Météorisme,
· Alternance diarrhée/constipation,
· Nausées fugaces,
· Périodes où il existe 3 à 4 selles impérieuses dans le nycthémère sans véritable douleur,
· 25 % des patients présentent une dysesthésie anale pouvant aller jusquà l épreinte (cf.schéma n° 6, 7 et 8).
Sur le plan uro-génital :
30 % des sujets ont eu plus de 3 infections urinaires dans les 2 ans.
30 % des patients se plaignent de pollakiurie avec dysurie et diminution du débit urinaire.
3 patients présentent une hématurie microscopique idiopathique, bilantée.
50 % des hommes se plaignent de difficultés dérection et de baisse significative de leur libido
30 % des femmes en période dactivité génitale sont dysménorrhiques.
40 % des femmes présentent des dyspareunies et un état de perte de leur libido qui les contrarie.
Sur le plan cutanéo-muqueux :
70 % des fibromyalgiques examinés ont une dermatose prurigineuse polymorphe :
· eczéma,
· psoriasis,
· dyskératose des extrémités,
· mycoses récidivantes,
· etc..
25 % présentent un syndrome sec oculaire et/ou une sensation de bouche sèche.
3 patients ont un syndrome de Raynaud associé.
Sur le plan sensoriel :
32 % des patients évoquent fatigabilité oculaire, strabisme (1 patiente présente une ptosis et une dyplopie), acouphènes , perte dacuité auditive, anosmie avec agueusie partielle, anomalie du toucher (une couturière ne peut plus broder quà laide dun aimant afin déviter les piqûres intempestives involontaires), des troubles de léquilibre .
Sur le plan métabolique et hormonal (cf.
schémas n° 9 et 10) :
15 % des sujets présentent une hypothyroïdie modérée traitée.
40 % relatent des épisodes fréquents dhypoglycémie et une appétence spécifique pour les sucres lors de ces malaises.
20 % présentent des bouffées de chaleur de survenance brutale sans prodrome pouvant aller jusquau flush.
Cest une étape importante et peut-être dans létat actuel des connaissances à envisager de façon un peu différente dune approche classique.
Il est très (trop) souvent dit que la fibromyalgie se doit dêtre un diagnostic délimination. Nous nous appuierons à insister sur limportance, jugée plus juste, du diagnostic différentiel. Toutefois le diagnostic positif doit être une étape fondamentale.
Devant faire suite à cet interrogatoire fastidieux, il réside dans lexamen musculo -tendineux, ligamentaire et articulaire minutieux du patient.
Le but de cet examen est de collecter des
informations méthodiques sur le déclenchement chez les patients
de douleurs à la palpation des muscles ou des tendons.
On exerce une pression digitale modérée denviron 4 Kg/cm². Cest la pression qui permet de blanchir longle ou de déclencher chez le sujet normal une douleur à la compression du globe oculaire.
Ces points sont en général comparés à des points témoins habituellement non douloureux (milieu du front, partie moyenne de lavant-bras, face antérieure de la cuisse, abdominaux).
On établit un score :
0 .Indolence,
1 .Douleur signalée,
2 Douleur et grimace,
3 Douleur et retrait.
Selon F. WOLFE et coll. Il faut considérer 18 points douloureux avec diagnostic de fibromyalgie si 11 points sont positifs (occiput, cervical bas, trapèze, sus-épineux, jonction chondro-sternale, épicondyle, rachis lombaire, moyen fessier, patte doie). M.F. KHAN propose 31 points pathognomoniques :
· insertion sur lomoplate des deux trapèzes,
· insertion paravertébrale des deux trapèzes,
· rhomboïde à la pointe des deux omoplates,
· corps musculaire des deux sus-épineux,
· corps musculaire des deux sous-épineux,
· partie médiane des deux crêtes iliaques,
· jonction chondro-costale des troisièmes arcs costaux,
· manubrium sternal,
· insertion externe claviculaire des grands pectoraux,
· articulations acromio-claviculaires,
· sommet des deux épaules,
· deux épicondyles,
· face palmaire des deux poignets,
· interlignes internes des deux genoux,
· région des deux pattes doie,
· régions internes sus-malléolaire.
Cet examen est dans 70 % des cas très pauvre.
On retrouvera dans 30 % des cas des réflexes ostéotendineux vifs et symétriques.
Dans 15 % des cas le toucher effleuré paraît plus sensible.
Organe par organe, il doit être poursuivi
méthodiquement, ramenant souvent une pauvreté de résultats
hormis les lésions cutanées visibles et les douleurs de
colopathie.
Cest une étape qui permettra, dans lesprit dun bilan général :
· déliminer une pathologie autre dordre immunitaire, métabolique, inflammatoire, etc.,
· de poser de façon cartésienne le diagnostic de fibromyalgie,
· dassocier une autre pathologie à la FM.
· FNS VS Plaquettes,
· Fer sérique Ferritinémie,
· BES Créatinine Urée,
· Aldolases, CPK, LDH,
· Glycémie,
· Transaminases,
· Bilan lipidique complet et facteurs de risques (HDL/LDL),
· C réactive protéine,
· Calcémie phosphorémie,
· Latex Waaler rose,
· ACAN
AN + anticorps anti DNA,
· Sérologie Hépatite B et C,
· Sérologie HIV,
· Sérologie de Lyme,
· Sérologie Cytomégalovirus,
· Electrophorèse des protides (gammapathies),
· Bilan thyroïdien,
· Cortisolémie de base,
· Dans les cas douteux, dosage de lHLAB27.
· Culot urinaire,
· Examen cytobactériologique des urines,
· Protéinurie, glycosurie,
· Bilan électrolytique urinaire.
Dans la fibromyalgie isolée, cest à dire sans pathologies associées, les résultats biologiques sont décevants car ces patients ont dans la majorité des cas des paramètres « peu ou prou » dans les limites théoriques de la normale.
Cette étape est toutefois fondamentale en terme de diagnostic différentiel.
Toute la difficulté résidera (bien entendu dans de rares cas) dans lassociation de plusieurs pathologies :
· Polyenthesopathies de la pelvispondylite rhumatismale,
· Lupus erythémateux disséminé,
· Polyarthrite rhumatoïde,
· Syndrome de Fiessenger Leroy Reiter,
· Maladie de Horton débutante,
· Pseudopolyarthrite rhizométique,
· Dysfonctionnement du métabolisme phosphocalcique (hyperparathyroïdie ostéomalacie),
· Hypothyroïdie,
· Myosites,
· Anémies carentielles,
· Hypocalcémies sévères,
· Hépatites BCE-HIV-Maladie de Lyme-Cytomagalovirus,
· Statines
· Anti H2
· Quinolones
· Neuroleptiques
· Antidépresseurs tri-cycliques
· Sédatifs
Cette pathologie est très probablement multi-factorielle. Personne na pu encore établir lordre hiérarchique des facteurs rentrant dans lélaboration de ce syndrome.
Plusieurs théories ont été évoquées et peut-être le seront encore. Il est probable que la vérité sera une synthèse de nombre de ces hypothèses.
Aucun gène spécifique na encore été mis en évidence mais un lien avec le système HLA est supposé. Plusieurs arguments évoquent un facteur génétique puisque la prévalence familiale de la FM est de 26 % (28 % de fibromyalgiques chez les enfants de mère fibromyalgique et 70 % de FM chez les mères denfants fibromyalgiques).
Même si la fibromyalgie nest pas un syndrome primitivement musculaire, certains médecins ont trouvé des perturbations de la glycolyse et des modifications aspécifiques lors des tests deffort sur bicyclette ergométriques liées au désentrainement.
Celle ci évoque la baisse du seuil de la douleur par limplication de désordres psycho-neuro-endocriniens. Ces troubles de la modulation centrale de la douleur font que ces patients présentent dune part une allodynie , cest à dire une perception douloureuse se situant au dessous du seuil douloureux chez un sujet normal (effleurement, variation de température, air soufflé etc..) et dautre part une hyperalgésie, cest à dire une diminution du seuil de tolérance à la douleur. Ce dysfonctionnement du système nerveux central peut avoir une double origine :
· un dysfonctionnement endogène du système noci-ceptif,
· une sensibilisation des nocicepteurs périphériques.
Le thalamus et le noyau caudé sont des structures qui interviennent dans la régulation du message douloureux lors dune lésion tissulaire douloureuse chez lhomme. Cette modification de lactivité du SNC chez les fibromyalgiques est à lorigine de lallodymie ou de lhyperalgésie et peuvent persister même après guérison de la lésion tissulaire ou organique initiale. On pourrait ainsi expliquer la relation entre fibromyalgie et rhumatismes inflammatoires, FM et vieillissement, FM et arthrose.
On retrouve assez fréquemment chez les fibromyalgiques une initialisation événementielle à la symptomatologie :
· traumatisme cervical,
· Polytraumatisme même mineur,
· traumatisme psychique (enfance douloureuse, conflits conjugaux, deuil ..),
· situation de stress professionnel ou social prolongé,
· pathologies infectieuses à répétition.
Léquipe de Nicholson (USA) a démontré sur 132 patients atteints soit de syndrome de fatigue chronique et/ou de fibromyalgie, en utilisant la réaction en chaîne par polymérase (PCR) quil existait des infections par mycoplasme dans les leucocytes du sang. Il existe une différence significative entre les patients atteints de syndrome de fatigue chronique ou de fibroyalgie (63 % de résultats positifs pour linfection à mycoplasme) et 5% de contrôles positifs chez les sujets apparemment sains.
Il a été démontré par ailleurs que la prévalence des infections à mycoplasme était la même chez les hommes et chez les femmes.
Enfin, les patients présentant le syndrome de la guerre du Golfe associé à une symptomatologie fibromyalgique , étaient atteints à 50 % par le mycoplasme. Les travaux ont permis dobtenir des résultats thérapeutiques intéressants après plusieurs cycles de 6 semaines de traitement antibiotique par les cyclines ou les macrolides.
Léquipe du Dr Robert SUHADOLNIK a identifié un enzyme antiviral défectueux, le RnaseL, dans une voie immunitaire très suractivée, le 2-5 A, chez une population de plus de 100 sujets souffrant du syndrome de fatigue chronique. Cette anomalie nest jamais retrouvée chez les sujets sains servant de témoins. Ce marqueur pourrait peut-être un jour servir de test diagnostique.
Nous avons mis en évidence après une
expérience vétérinaire stupéfiante chez des chiens atteints
dune asthénie anormale une baisse des
acétylcholinestérases globulaires.
Cette anomalie a été retrouvée chez tous les patients présentant une fibromyalgie confirmée. Les conséquences dune telle anomalie sur le système parasympathique et secondairement sympathique pourrait parfaitement expliquer de nombreux signes cliniques retrouvés dans les syndromes de fatigue chronique et/ou les fibromyalgies.
Cette théorie va faire lobjet des résultats et discussions qui vont suivre.
En fin dannée 2000, un patient présentant une FM constate que ses chiens, deux épagneuls bretons, présentent des signes de fatigue intense avec dyspnée au moindre effort, congestion des muqueuses et apparitions brutales de plaques durticaire.
Il consulte son vétérinaire qui, intrigué, commence ses investigations en réalisant les sérologies des zoonoses susceptibles dentraîner des signes semblables chez les animaux : (brucellose, Maladie de Lyme, Fièvre Q, Echnococcose)
Toutes ses recherches biologiques et sérologiques revenant négatives, le praticien traite un des chiens par injection datropine sur dix jours, lautre animal servant de témoin.
Une amélioration clinique immédiate a été constatée chez le chien traité. Dans un deuxième temps, le deuxième chien a été lui aussi traité, et on a constaté la même amélioration très rapide dès le début du traitement .
Ce vétérinaire élimine très vite une myasthénie, maladie rare chez le chien, et réfute lhypothèse dune maladie congénitale étant donné la présence des deux chiens adultes souffrant des mêmes troubles dans la même maison.
Lidée alors est de pencher vers une intoxication lente et/ou à très faible dose par un toxique deffet comparable comme les organophosphorés, pyréthroïdes ou carbamates, ayant pu être absorbés par leau de boisson, par contact direct dans la campagne environnante ou bien par inhalation.
Lintérêt aurait été alors de doser des traces de toxiques dans le sang des chiens malades mais les différents biologistes contactés confirment la difficulté de telles recherches chez le chien.
Par contre, le dosage biologique dune conséquence enzymatique a été réalisé en dosant les acétylcholinestérases sanguines. Cest ainsi que lon a pu constater une chute de 60 % de lacétylcholinestérase globulaire par rapport au seuil minimum habituellement autorisé.
Cette expérience étant posée, le
propriétaire du chien, présentant un syndrome fibromyalgique
avéré, confirmé depuis deux ans par plusieurs médecins,
réalise lui aussi ce test enzymatique. On constate alors
quil présente très curieusement une baisse de 60 % de son
acétylcholinestérase globulaire, par référence au seuil
minimum autorisé par le laboratoire hospitalier ayant réalisé
lexamen.
Une piste très intéressante nous est alors apparue et nous avons donc décidé de réaliser ce test chez de nouveaux patients présentant des signes incontestables de fibromyalgie et/ou syndrome de fatigue chronique.
Nous avons observé, de Novembre 2000 à Mars 2001, 15 patients.
12 dentre eux présentaient des signes cliniques indiscutables de fibromyalgie depuis plus dun an.
Une patiente épouse dun fibromyalgique présentait des signes atypiques associés à un tableau de fatigue chronique.
Deux patients étaient poly arthrosiques et poly algiques mais ne présentaient pas les signes habituels associés de la fibromyalgie.
Dans notre série initiale, 10 femmes et 5 hommes ont été pris en compte.
Nous avons donc demandé au même laboratoire hospitalier de toxicologie un dosage des :
· Acétylcholinestérases plasmatiques Valeurs limites 0.5 0.9
· Acétylcholinestérases globulaires Valeurs limites 1.0 1.5
· Butyrylcholinestérases globulaires Valeurs limites 0.4 0.8
· Burytylcholinestérases plasmatiques Valeurs limites 0.5 1.0
N.B. : Il est primordial de noter que tous ces patients étaient volontaires pour subir ces dosages biologiques qui sont onéreux et non pris en charge par les organismes dassurance sociale.
les 12 patients présentant un tableau clinique de fibromyalgie indiscutable présentent tous une baisse significative de lacétylcholinestérase globulaire, allant de 0.25 à 0.91 pour une valeur de référence minimale de 1.
4 ont des valeurs inférieures à 0.50
3 ont des valeurs comprises entre 0.50 et 0.60
3 ont des valeurs comprises entre 0.60 et 0.76
2 ont des valeurs comprises entre 0.80 et 0.91
Deux des patients ont réalisé deux dosages à 2 mois dintervalle et les résultats sont concordants.
Lépouse du patient fibromyalgique dont la symptomatologie paraissait atypique a des taux de cholinestérase strictement normaux.
Les deux patients poly arthrosiques qui ne présentaient pas de signes cliniques de la lignée neuroendocrinémie et myalgique nont aucune anomalie enzymatique sur les paramètres cholinestérasiques recherchés.
Ces données nous paraissent essentielles pour comprendre et étayer notre théorie détiopathogénie toxique à la Fibromyalgie.
Il régule les fonctions organiques internes. Cest le système nerveux autonome de contrôle des fonctions végétatives.
Si en périphérie le SNV et le SN de la vie relationnelle sont très séparés, ils sont en liens étroits au niveau des SNC.
Le SNV est fonctionnellement composé du SN
sympathique et du système parasympathique (cf.
schéma 11).
Le système est basé sur un arc réflexe entre les fibres afférentes et des fibres efférentes pré et post ganglionnaires (cf. schémas 13, 14 et 15).
Mais le mécanisme le plus complexe est sous contrôle des centres végétatifs supérieurs et en particulier de lhypothalamus (cf. schéma 16).
Anatomiquement, (cf. schéma 7).
le système sympathique a ses centres végétatifs au niveau de la moelle thoracique et lombaire.
Le système parasympathique au niveau du tronc cérébral et de la moelle sacrée.
Les fibres sympathiques pré-ganglionnaires se terminant dans les ganglions du tronc sympathique, du cou, de labdomen ou dans les ganglions terminaux, sont le lien de transmission du signal cholinergique sous dépendance de lacétylcholine ( A.ch.).
Ce signal est transmis aux fibres post-ganglionnaires adrénergiques grâce à la noradrenergine (NA).
Les fibres du système parasympathique partent du cerveau.
Les ganglions sont, eux, à proximité voire même dans lorgane cible.
Là aussi le neuromédiateur est lacétylcholine
(cf. schéma 17).
Lacétylcholine est le neuromédiateur :
· De toutes les terminaisons nerveuses végétatives pré-ganglionnaires,
· De toutes les terminaisons nerveuses para sympathiques post-ganglionnaires,
· De quelques terminaisons sympathiques post-ganglionnaires,
· De la fonction neuromusculaire,
· De quelques synapses du SNC.
Les innervations cholinergiques :
· A lorigine de lactivité Muscles-Squelette,
· Modifie lactivité intrinsèque (ex : muscle-cuisse) ou conduction excitation cardiaque.
La synthèse de lacétylcholine (dans le cytoplasme des terminaisons nerveuses) se fait grâce à Choline+AcétylCoA (cf. schéma 18).
Quantum d Ach : ( 4000 molécules dAch)
· Potentiel daction pré-synaptique avec entrée Ca2 + extra Cellulaire
· Libération des quanta avec établissement dun PPSE (Potentiel post synaptique excitateur) (cf. schéma 19 et 20).
LAch augmente la perméabilité ou
la conductibilité de la membrane aux ions Na+ K+ Ca2+ (cf.
schéma 21).
Leffet de lAch
sarrête avec le clivage de la molécule par une
enzyme : lacétylcholinestérase(Achestérase)
Cette action de quelques millisecondes permet la repolarisation de la membrane entre deux potentiels daction (cf. schéma 22). Ce mécanisme est essentiel à la contraction musculaire normale.
Il existe deux types de récepteurs cholinergiques :
les récepteurs nicotiniques présents dans :
· les ganglions végétatifs,
· les plaques motrices terminales des muscles squelettiques,
· le SNC.
Stimulés par la nicotine variablement inhibés par le curare.
Les récepteurs muscariniques présents dans :
· le SNC
· les organes cibles cholinergiques parasympathiques
Stimulés par la muscarine et inhibés par latropine.
1) Le Carbachol et la pilocarpine sont utilisés pour leurs effets efficients sur le parasympathique (parasympathico-mimétiques).
2) La néostigmine, parasympathicomimétique indirecte inhibe lAchestérase avec par exemple pour action :
· Contraction prolongée des bronches par stimulation des récepteurs muscariniques.
· Stimulation puis paralysie :
û des récepteurs nicotiniques des ganglions autonomes et des muscles squelettiques,
û des récepteurs muscariniques du SNC.
Aux doses thérapeutiques, les effets de ces drogues ne sont que partiels. Par contre à dose toxique ou létales, les effets sont complets.
Le mode daction de certains insecticides comme le paraxon, métabolite actif du parathion (E 605), ont le même type deffets.
Cette glande endocrine a pour but de transformer des signaux électriques en signaux hormonaux : les catécholamines adrénaline et noradrénaline.
Le médiateur chimique est lAcétylcholine qui se fixant sur la membrane post synaptique provoque par exocytose la libération de C.A et de NA.
La synthèse et le stockage des catécholamines sont de localisation postganglionnaires dans des granules contenant aussi des lipides, protéines et le lATP à parité molaire (cf. schéma 23).
La régulation de la synthèse des catécholamines est sous dépendance des stimulations ou frénation de tyrosine hydroxylase, ou sous leffet de cortisol qui stimule lactivité de la N-metyltransférase.
Lactivité physique intense ou le stress augmentent considérablement la libération de la NA et de lA. Les catécholamines peuvent aussi participer à des réactions dalarme en situation limite (travail intense, froid, chaud, hypoglycémie, chute de la TA etc.).
Le centre de commande est
lhypothalamus (cf. schéma 16).
Dans ce contexte, elles servent à mobiliser le stock disponible par lipolyse ou glycolyse combustible à destinée de tous les muscles en activité.
Ces catécholamines influencent aussi le bilan potassique.
Dans les muscles squelettiques, ces catécholamines agissent sur lAMPsychique qui accélère la dégradation du glycogène et la formation de lactate (cf. schémas 12 et 24).
De plus, ces catécholamines réduisent lirrigation du tractus digestif au profit de celle des muscles.
Enfin, les catécholamines stimulent via
lhypothalamus la libération dhormones déclenchant
le renouvellement des stocks dénergie épuisée (cf.
schéma 25).
Ces résultats ouvrent à lévidence une nouvelle piste physiopathologique et étiologique à cette pathologie mystérieusement compliquée depuis des décennies.
Chacun des praticiens qui se sont penchés sur ce problème doit avoir certainement sa part de raison, voire de vérité. Nous sommes convaincus de la véracité de certaines théories physiopathologiques. Ce qui paraît évident, cest que la fibromyalgie, les syndromes de fatigue chronique, comme le syndrome de la guerre du Golfe, ne sont pas des pathologies psychosomatiques, et nous pensons que la communauté médicale doit enfin sinterdire de psychiatriser ces patients.
La piste dune origine toxicologique à bas bruit, dorigine alimentaire et/ou environnementale, ouvre la voie dun nouveau concept intellectuel quant à ces pathologies.
Si lon fait référence aux grands principes de physiologie générale évoqués au chapitre précédent, nous devons être interpellés par la concordance surprenante quil y a entre les symptômes dont se plaignent ces patients et les désordres parasympathiques et sympathiques connus chez lhomme .
Depuis le début du siècle, lère de la chimie a particulièrement contribué à la diffusion de nombreuses molécules comme les organophosphorés, les carbamates, les pyréthroïdes .
Nous savons parfaitement que la littérature internationale, quelle soit médicale, vétérinaire, agroalimentaire, a mis en évidence le rôle anticholinestérasique de ces pesticides et insecticides.
Sur le plan clinique on retrouve des signes cliniques étonnants concordants chez les fibromyalgiques et chez les patients ayant subi des expositions aiguës à ces produits
Dautre part, cette théorie
évoquant un dysfonctionnement neurovégétatif chronique est
compatible avec les théories multi-factorielles jusquici
évoquées. Elle ne remet en rien en cause non plus les travaux
de Nicholson qui définit une incidence très significative des
mycoplasmes chez des patients porteurs de fibromyalgie, de
syndrome de fatigue chronique voire ceux atteints du syndrome de
la guerre du Golfe, par exemple.
Cette solution étiologique ne désavoue en rien lidentification dun enzyme antiviral défectueux, le RnaseL, très suractivé par la voie immunitaire 2-5 A par le Dr Robert SUNADOLNIK, chez des patients porteurs de syndromes de fatigue chronique.
Un dysfonctionnement profond du système
neurovégétatif central pourrait même conforter les travaux de
RUSSELL (USA) qui met en évidence par la résonance magnétique
une imagerie cérébrale diffuse à la stimulation douloureuse
périphérique unilatérale.
De façon corollaire, il paraît très intéressant de constater que lImidachlopride, insecticide constituant du Gaucho, agoniste compétitif de lacétylcholine au niveau des récepteurs nicotiniques paraît être responsable de la surmortalité des abeilles. Ce qui a valu, au titre du principe de précaution en janvier 1999 la suspension dutilisation de ce produit dans lenrobage des semences de tournesol.
Dans le même esprit, les travaux de Mark PURDEY (GB) montreraient que le prion responsable de lESB, trouverait sa virulence sil est en présence dorganophosphorés et de manganèse. Les farines animales nayant quun rôle de propagateur . Cette théorie est particulièrement prise au sérieux par lINRA française.
Enfin, une enquête exhaustive vient dêtre ordonnée concernant les 25000 soldats engagés dans la guerre du Golfe. Un nombre significatif de ces soldats malades ont des signes neuromusculaires proches des tableaux présentés par les fibromyalgiques, voire sont eux-mêmes définis comme de vrais fibromyalgiques
Lhypothèse dune cause toxique évoluant dans linsidieux et la chronicité est désormais offerte à la recherche dune étiologie peut-être curable, à ces syndromes poly algiques idiopathiques diffus.
La mise en évidence dune modification significative des acétylcholinestérases plasmatiques chez ces patients devrait permettre délaborer des méthodes de diagnostic biologiques plus simples et moins onéreuses.
Bien entendu, admettre et prouver cette hypothèse physiopathologique, cest accepter la responsabilité environnementale à ses syndromes et donc appliquer les principes fondamentaux de précautions.
Nous avons parfaitement conscience des conséquences économiques et politiques en matière dagroalimentaire, de chimie, de prise en charge plus drastique de la qualité de leau, de lair et des résidus pesticides telluriques .
Quoiquil en soit, la prévalence de ces pathologies, fibromyalgies, syndromes de fatigue chronique etc .. prend une telle dimension quil faudra à lévidence apporter dune part des réponses aux interrogations des malades et dautre part, espérons le, des solutions thérapeutiques.
La communauté médicale ne peut plus considérer ces syndromes comme appartenant au registre du psychosomatique voire du psychiatrique, au risque de se déconsidérer elle même. Ces malades souffrent réellement dans leur chair, connaissent dimportantes difficultés professionnelles, familiales, conjugales etc.. toutes et toujours secondaires à lévolution insidieuse et mal comprise de leurs plaintes physiques et morales.
Par ailleurs, lapproche sociale est aujourdhui parfaitement insuffisante et mérite que le législateur prenne les dispositions qui simposent. Notre société ne peut se permettre de laisser ce nombre croissant de malades au bord du chemin de lindifférence. Bien entendu, un travail dune grande rigueur scientifique doit être envisagé pour confirmer ou infirmer létiologie toxi-environnementale à ses SPID et apparentées.
Cest pourquoi nous avons déposé
le 19 avril 2001 un rapport dalerte auprès de
lInstitut National de Veille Sanitaire Français afin
quune enquête épidémiologique soit réalisée.
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