Bonjour à tous...

J'ai commencé par lire les vôtres, alors que j'avais passé la journée à pleurer ma fatigue et mon mal. Vous savez une journée où il fait si beau, où on se souvient avoir pu tout faire dans notre vie, quand on voulait, et comment on le voulait. Puis je me suis dit, que j'étais choyée...Alors j'ai voulu vous raconter.

Maintes fois dans vos messages j'ai lu le mot suicide, accident, opération... Quelques dates changées et c'était mon histoire.

Je n'ai pas la mémoire pour vous spécifier ces dates. Disons pour faire simple que j'ai été opéré 6 fois. Kyste au sein, kyste aux ovaire, mal de genoux, vésicule biliaire, et la toute dernière en 2000; j'veux plus d'enfants docteur.

J'ai par contre suffisamment de mémoire pour vous partager qu'en 1985, un de mes frères s'enlevait la vie sur le pont Jacques Cartier...Qu'un mois plus tard j'avais un accident face à face accompagnée de mon mari de l'époque et de mes trois enfants assis à l'arrière et que vu que je les aimes et que je suis une sauveuse...j'ai allongé les bras pour tous les protéger et c'est moi qui suis restée couchée dans mon lit durant trois jours à ne plus bouger. Heureusement rien de cassé pour personne!

Pendant toutes ces années j'ai aussi vécu avec le nerf sciatique totalement bloqué. J'ai donc fréquenté tous les sauveurs possibles; kiro, physio, masso, etc. Ça ne m'empêchait jamais de rester une super maman. Mais que de larmes, que de mal.

Entre 1976 (j'avais 17 ans) et 1985, j'ai eu la joie d'être trois fois maman. Puis en 1998, une suite d'événements; dépression, divorce, faillite, aide sociale, mes filles sont restées à l'époque dans le confort avec leur père et je me suis retrouvée comme à mes 16 ans, dans un sous-sol, sans emploi et dépressive! La belle histoire...

Remarquez que j'ai choisi tous ces événements, toutes ces expériences, tout comme vous.

Puis on se réveille un beau matin, l'envie de rien, sinon celui d'en finir. Je n'ai pas osé, j'ai consulté. Je me suis relevée.

Et puisqu'on dirait que je n'en avais pas assez, je suis allée tenter d'en sauver un autre. Alcoolique, toxicomane, itinérant... Durant ces trois ans, j'ai été volé par lui, je suis passée au feu grâce à lui, j'ai toléré ses crises et ses thérapies. Je l'aimais, une passion...un manipulateur. Mais à l'époque j'avais la foi, je volais...ou j'étais naive comme vous préférez, ça n'a pas d'importance, je l'ai vécu, c'est terminé depuis 2001.

Et c'est là que la fibro, sachant que je me sentais seule...s'est installée dans mon corps, sportif!

Elle ne m'a pas empêchée de vivre, elle a modifié ma qualité de vie. Je lui en veux, je ne réussis pas à faire la paix. Je reste active je vous assure, je tente le yoga, l'aqua jogging, je marche. Oui je ne suis pas aussi indisposée que certains d'entre vous, je le constate. Mais j'ai mal; aux hanches, au bassin, aux jambes (normal ou non cette sensation d'être comme un élastique tout rabougri?), mes jambes sont lourdes et tendues, elles ont des impatiences (tiens moi aussi!). Donc je fonctionne, mais toujours avec du mal.

Je dors mal, je marche mal, je fais du sport et j'ai mal. Donc même quand je ris, je pleure, parce que j'ai mal!

Je ne prend rien. Je n'en parle pas à mes enfants, tout est compliqué. Faut que je vous dise que je reviens de l'Afrique l'an dernier, j'y ai passé dix mois. A vivre avec les gens, à aimer les enfants, à jouir de la chaleur (aucune douleur pendant dix mois!) et à expérimenter autre chose. Oui autre chose parce que depuis le retour rien ne s'arrange. Je ne sais plus où j'en suis. J'ai voulu revenir, je trouve cela difficile, j'aime mon partenaire amoureux, je l'ai laissé trois fois depuis un an inventant toutes sortes de raison...je ne sais plus dans quoi travailler...où habiter...etc.

Ouf un docteur allez vous dire! Ben non...restons calme et développons l'humour! J'ai vécu une, des, expériences uniques, empreintes de grandes peines et de très grandes joies. J'ai vécu dans un pays très très pauvre mais oh! combien humain. Ici tout est difficile. Aux enfants faut pas raconter (c'est elle qui me le disent...) aux parents faut épargner...tandis que là-bas tout est partage!

Ne croyez pas que je sois morose...je vous en prie. C'est le mauvais sommeil, c'est la douleur, c'est aussi parfois la vie. Mais, mais, attention, tout se replace, je trouverai mon chemin, je me referai des amitiés, je rierai à nouveau, je le sens, je le veux, je le sais...

Mais je constate à nos lectures, à nos partages, que nous avons vécus et choisis des vies bien compliquées...Que nous en sommes probablement restés un peu ''stressés'' et que nos corps en réaction se sont contractés. Ok, Ok, je ne fais que constater. Maintenant, qu'est-ce qu'on doit faire?

Rester positif, actif, espérer, en parler, respirer? Ok, je respire. Dites-moi simplement que quelques fois, quand la douleur est inssuportable, et qu'elle m'agresse, vous êtes là en silence pour moi, je ferai de même pour vous.

Merci de m'avoir lu.


Luciole