Bonjour à tous!

 

Quel bien je ressens à lire les histoires des membres : je me reconnais entre vos lignes et ça me soulage de réaliser que je ne suis pas folle.  Ça me fait également peur puisque certaines personnes sont dans des situations financières et professionnelles auxquelles je devrai probablement faire face dans les jours à venir (mes assurances m’envoient en expertise médicale durant 2 jours la semaine prochaine).  Je sais, après avoir entendu et lu les histoires vécues par d’autres, que les assureurs me diront que je dois retourner travailler, mais j’en suis tout simplement incapable.

 

Je m’appelle France, 37 ans, région de Québec.  Je suis adjointe aux opérations commerciales dans une compagnie de biotechnologie, j’y travaille depuis 1997.  Avant cela, j’ai travaillé en administration pour des compagnies pharmaceutiques.  En amour avec mon boulot, je suis une maniaque du travail.  Diagnostiquée fibro en 2003 et en arrêt de travail depuis ce temps (sauf quelques semaines d’essai de retour au travail progressif qui fut un échec en 2004).  Douleur myofasciale et fatigue chronique accompagnent la fibro depuis 2 ans.

 

Relation abusive pendant 6 ans (en février 2003 je me suis enfuie parce que ma vie était en danger).  Je trainais des douleurs aux avant-bras depuis 4 ans, mais je ne voulais pas consulter de peur que le médecin me dise de prendre congé du travail.  Et en mai 2003, grosse crise de douleur fulgurante dans une main.  Ayant peur d’une infection tétanos, je me retrouve à l’urgence.  Ils me passent des radiographies et font des palpations, etc.  Résultat : 2 épicondylites, 2 tendinites aux épaules, 2 tunnels carpiens.  Quelques semaines plus tard j’ai accompagné mon père chéri dans sa maladie et j’ai pris soin de lui à la maison.  Il est décédé 7 mois plus tard (lui seul savait qu’il n’en avait pas pour longtemps).

 

Et là, tout s’est mis à débouler : j’avais mal au visage et aux dents depuis quelques mois, mais tout a empiré. Plus capable de conduire, je tombais dans les escaliers roulants, pas capable de regarder des vêtements lignés de mes interlocuteurs, somnambulisme incroyable : je me promenais partout dans la maison, paralysie temporaire au réveil le matin, j’inventais des nouveaux mots, perte de poids, pertes de mémoire, crampes, intestin irritable, violents spasmes à l’estomac et au diaphragme, etc.

 

Depuis que je sais ce que j’ai, tout s’explique, le casse-tête s’assemble en une image plus claire.  Le résultat (le diagnostic de fibro) me déçoit, je pensais avoir une maladie qui se soignerait avec UNE pilule ou un cancer qui se traiterait ou une maladie qui guérirait avec une opération…  Mais cette foutue maladie qui ne paraît pas me ronge jusqu’à l’os.  Et dès que je l’oublie quelques minutes, elle me frappe de l’intérieur avec ses longs bras sournois, à des endroits inattendus : histoire de me dire qu’elle est toujours là.

 

Au cours des 10 dernières années, je n’avais jamais pris plus de 4 jours de vacances d’affilée et mon travail était ma seule vraie passion.  Maintenant que madame Fibro est de passage, elle m’a enlevé une grosse partie de mon identité.  La dépression est le pire symptôme auquel je dois faire face.  L’anxiété et l’isolement m’ont menée à ne plus répondre au téléphone ou à la porte quand on sonne.  J’ai vendu ma maison et je suis déménagée chez ma mère le temps que ça aille mieux.  Ma mère a 63 ans, mais elle a un restaurant et travaille 7 jours, 75 à 80 heures par semaine.  Alors je suis seule toute la journée, ce qui me convient parfaitement puisque je ne veux pas parler des douleurs avec mes proches et je ne veux pas que ma mère me voit durant mes crises de douleur au réveil.

 

Bon, je pensais écrire un paragraphe et je suis en train d’écrire un roman!!!!

 

Au plaisir,

 

France

xxx