FMC et spécialités
Par Pierre Arsenault, PhD. MD, et Serge Marchand, PhD
(Tiré de MedActuel FMC / juin 2002)(Transcrit par Josette Lincourt)
La fibromyalgie en lan 2002 : Des pistes intéressantes
Objectifs pédagogiques
Le cas Gisèle a 52 ans. Elle ressent des douleurs musculaires diffuses qui sont apparues progressivement au cours des deux dernières années. Ces douleurs ont fait suite à un accident dautomobile spectaculaire, au cours duquel elle a subi dimportants traumatismes physiques. On lui aurait indiqué que la douleur quelle ressent est certainement liée à un état anxio-dépressif post-traumatique. Elle nen croit rien! Elle vous consulte avec lespoir dobtenir des explications sur ces symptômes et une prise en charge thérapeutique. |
La fibromyalgie « primaire » a longtemps été considérée comme un syndrome clinique dorigine psychologique. En 2002, la recherche biomédicale montre quil existe chez les fibromyalgiques des troubles neurologiques centraux, en particulier au niveau des mécanismes endogènes de modulation de la douleur. Ces découvertes sont importantes, car elles démystifient cette affection et permettent une meilleure approche thérapeutique.
La fibromyalgie est une affection médicale caractérisée par des douleurs musculaires diffuses présentes depuis plus de trois mois, par un sommeil non récupérateur, par une humeur souvent dépressive et par lassociation fréquente de symptômes divers (neurologiques, cardiovasculaires, digestifs, urinaires et/ou gynécologiques)1-6. Le diagnostic de cette affection repose sur lidentification dau moins 11 points de douleurs musculaires sur une possibilité de 18 lorsquune pression nexcédant pas 4 kg de pression par centimètre carré est exercée sur les points « sensibles » reconnus par lAssociation américaine de rhumatologie. On ne parlera de fibromyalgie que si la douleur est présente depuis au moins trois mois consécutifs.
Depuis quelques années, de nouvelles connaissances sont issues de recherches fondamentales et cliniques. Devant la présentation clinique extrêmement complexe de cette affection médicale, on a souvent considéré quil sagissait dune manifestation psychosomatique dun trouble affectif ou simplement de « somatisation ». Il est maintenant clair quil existe au moins deux explications neurophysiologiques à la douleur des fibromyalgiques : une sensibilisation avec hyperexcitabilité de la corne dorsale de la moëlle épinière et une dysfonction des contrôles inhibiteurs diffus des influx nociceptifs (ou CIDN). Dans cet article, les auteurs fond une mise à jour des connaissances actuelles qui entourent ce mystérieux syndrome clinique et ils offrent des solutions à la prise en charge des patients qui en sont atteints.
La douleur musculaire des fibromyalgiques : une réalité?
Les fibromyalgiques, en majorité des femmes, présentent des douleurs musculaires généralement diffuses pour lesquelles il ne semble pas exister de pathologies sous-jacentes évidentes1-6. En effet, après quon ait initialement montré que la musculature des fibromyalgiques souffre dune tolérance diminuée à lexercice physique, que la phosphorylation des cellules musculaires est déficitaire, que la relaxation musculaire est diminuée après lexercice, que le collagène musculaire pourrait présenter des anomalies, il est maintenant évident que toutes ces observations ne sont pas spécifiques aux fibromyalgiques, mais quon les retrouve également chez les patients sédentaires4, 6. Il nest donc pas étonnant que toutes les thérapies qui se sont avérées efficaces dans le traitement de la douleur « fibromyalgique » ont systématiquement inclus un programme dactivités physiques adaptées1,3,4,6. Plus récemment, certains chercheurs ont montré que la douleur des fibromyalgiques ne se situe pas seulement au niveau des muscles, mais quelle affecte également la couche sous-cutanée7. Il est donc de plus en plus évident que la douleur des fibromyalgiques est davantage un phénomène dhyperalgésie, voire même dallodynie dorigine centrale, quune atteinte musculaire primaire.
Existe-t-il des anomalies caractéristiques dans la fibromyalgie?
Plusieurs hypothèses ont été élaborées au cours des années pour expliquer la physiopathologie de la fibromyalgie1-6. Ces observations sont ici résumées en cinq grandes catégories : lhypothèse endocrinienne, lhypothèse biochimique, lhypothèse infectieuse et, enfin, lhypothèse traumatique.
Lhypothèse endocrinienne
La fatigue qui accompagne les douleurs des fibromyalgiques « primaires » nest pas liée à un problème thyroïdien1,3,4,6. Toutefois, tout symptôme évocateur de fibromyalgie doit cependant faire lobjet dun bilan thyroïdien puisquil existe certaines similitudes cliniques entre la fibromyalgie et les problèmes thyroïdiens1,3,4,6.
Lune des découvertes intéressantes des dernières années sur la fibromyalgie est lidentification dune dysfonction de laxe hypothalamo-hypophysaire-surrénalien1,3-6. En effet, chez les fibromyalgiques, en réponse à un stress, on ne retrouve pas des augmentations aussi importantes de cortisol que chez les personnes en bonne santé, et ce, malgré des niveaux de base légèrement plus élevés1,3,4,6. Il semble que la surrénale narrive pas à répondre aussi efficacement à une stimulation par lACTH. En ce sens, les fibromyalgiques pourraient donc souffrir dun syndrome de dérégulation au stress.
Récemment, certains chercheurs ont mis en évidence des niveaux augmentés de substance P (un des principaux neurotransmetteurs de la douleur et qui nest pas augmenté dans la fatigue chronique) dans le liquide céphalo-rachidien de fibromyalgiques et des baisses dans les niveaux de noradrénaline et de sérotonine (deux neurotransmetteurs responsables de linhibition descendante de la douleur) 1,3,4,6. Ces dernières observations pourraient être liées à un dysfonctionnement des noyaux du Raphé, de la substance grise périaquéducale et du locus coeruleus, trois centres nerveux située au niveau du tronc cérébral et impliqués dans la modulation de la douleur.
Un dernier facteur systématiquement modifié chez les fibromyalgiques est le facteur de croissance insulinique de type 1 (ou ILGF-1)4,6. En effet, ce facteur est diminué autant dans le liquide céphalo-rachidien que dans les urines des patients atteints. Cette observation pourrait expliquer en partie la douleur musculaire que ressentent les fibromyalgiques puisque lILGF-1 est identifié comme principal facteur de « régénérescence » musculaire et quil atteint normalement son niveau maximal durant les heures de sommeil3,4,6.
Lhypothèse immunitaire
Après quon ait initialement reconnu certaines différences dans les « populations » leucocytaires des fibromyalgiques lorsque comparées à des sujets sains, ont a aussi rapporté dautres observations isolées : variations dans les sous-populations lymphocytaires, présence danticorps anti-sérotonine, diminution des cellules NK, etc. 1,4,6. La signification de ces observations demeure obscure.
Parmi les autres types de cellules immunitaires fréquemment ciblées dans la physiopathologie de la fibromyalgie, il y a les lymphocytes B. De fait, certaines observations isolées suggèrent quil existerait une auto-immunité fréquente chez ces patients. Ainsi, diverses études ont montré, de façon isolée, une augmentation du titre en anticorps antisérotonine, antinucléaire, antithyroïdiens chez des fibromyalgiques1,4,6. Cependant, il serait faux de croire que ces seules découvertes sont pathognomoniques de la fibromyalgie puisque la majorité des patients qui ont des titres élevés de ces anticorps ne sont pas atteints de ce syndrome.
Dautres substances issues de cellules du système immunitaire sont potentiellement impliquées dans ce syndrome. Certaines cytokines, par exemple, produites en très grande concentration, pourraient être responsables de la douleur et de la fatigue des fibromyalgiques 4,6,8. Il est possible que certaines de ces cytokines soient produites par les cellules gliales, notamment au niveau de la corne dorsale de la moëlle épinière. Lorsque certaines cytokines sont administrées par voie intra-thécale à des rongeurs, elles ont la propriété dinduire de lhyperalgésie. Un phénomène semblable pourrait exister chez les fibromyalgiques.
Les hypothèses biochimiques
Plusieurs observations isolées sur divers troubles métaboliques ont caractérisé la littérature scientifique de la dernière décennie. Déficit en magnésium, problème de phosphorylation, problème de saturation sanguine en oxygène, défauts dans la peroxydation des lipides et des protéines, anomalies de la glycolyse ont tour à tour été invoqués somme responsables de la douleur musculaire des fibromyalgiques. Ces observations nont cependant pas été confirmées et leur signification clinique nest toujours pas établie.
Lhypothèse infectieuse
Si certains auteurs ont évoqué la possibilité que certains agents infectieux puissent contribuer au développement de la fibromyalgie, il nexiste aucune certitude quant à cette hypothèse4,6. Parmi les éléments les plus fréquemment mentionnés, on compte le virus dEpstein-Barr, lHerpes zoster et le Coxsackvirus6. Plusieurs symptômes qui sapparentent à ceux de la fibromyalgie ont été signalés chez des patients souffrant de divers types dinfections (bactérienne, mycotique, etc.), mais il sagirait, dans ces cas, de fibromyalgie « secondaire ».
Lhypothèse traumatique
Bien que cela nait pas non plus été prouvé de façon formelle, il semble de plus en plus plausible quil existerait un lien entre lapparition du syndrome fibromyalgique et lexistence dun événement déclencheur ou favorisant. Il ne sera dailleurs pas facile de prouver sil existe un lien de cause à effet. Des études prospectives chez des traumatisés de sources diverses devraient être faites pour vérifier cette hypothèse. Si lhypothèse était confirmée, cela suggérerait quune douleur aiguë dorigine traumatique mal contrôlée pourrait être responsable de la sensibilisation spinale (centrale) de plusieurs fibromyalgiques (voir la section suivante).
Latteinte nerveuse centrale comme source de douleur dans la fibromyalgie
La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle qui fait intervenir plusieurs structures nerveuses. En situation normale, grâce à lexistence de nocicepteurs périphériques, linformation nociceptive est reconnue comme étant douloureuse après un premier relais au niveau de la corne dorsale de la moëlle épinière puis au niveau du tronc cérébral, du thalamus et de différentes régions corticales responsables du traitement et de linterprétation des composantes sensorielles (cortex somatosensoriel I et II) et émotionnelles (cortex cinguléantérieur, cortex insulaire, lobes frontaux) de linformation somatosensorielle10.
En réponse à des stimulations périphériques, il existe des mécanismes inhibiteurs situés tout le long du parcours nerveux et en particulier à trois niveaux plus spécifiquement : la corne dorsale de la moëlle épinière, le tronc cérébral et les centres supérieurs (figure 2)10. Au niveau spinal, le « portillon » de Melzack et Wall, est un bel exemple de mécanisme de modulation périphérique de la douleur10. Chez les fibromyalgiques, lefficacité du « portillon » a été confirmée dans certaines études bien réalisées11,12. Il est en effet possible de soulager des douleurs localisées, notamment au moyen de stimulations nerveuses électriques (ou TENS). Cette inhibition de la douleur porte cependant uniquement sur le segment traité.
Un second mécanisme de modulation de la douleur se situe au niveau du tronc cérébral. Il est connu sous le nom de « contrôles inhibiteurs diffus des influx nociceptifs ou CIDN ». Ce mécanisme fait appel à des voies sérotoninergiques et noradrénergiques ainsi quà des interneurones « enképhalinergiques »10,13. Les CIDN présentent certaines particularités : linhibition descendante ne se limite pas à la région stimulée et la stimulation peut être située à distance du champ du neurone à inhiber10,13.
Récemment, grâce à des études psychophysiques, notre laboratoire a montré que les CIDN sont dysfonctionnels chez les fibromyalgiques13. Il semble dailleurs que cette dysfonction est propre aux fibromyalgiques puisque, jusquà maintenant, ces patients sont les seuls atteints de douleur chez qui ce phénomène a été identifié.
Comment expliquer cette dysfonction? Absence de CIDN ou incapacité dinhiber une région médullaire hyperexcitable voire « sensibilisée » (figure 3)? Des recherches récentes ont montré que la corne dorsale de la moëlle épinière des fibromyalgiques est sensibilisée et même, en labsence dun stimulus nociceptif périphérique, elle informe constamment les centres supérieurs dafférences nociceptives14. Toutes ces informations laissent à penser que, contrairement à la conception initiale qui faisait de la fibromyalgie une entité clinique associée à des douleurs nociceptives, la douleur dans cette affection est plutôt de type « neurogène », cest-à-dire quelle est associée à une dysfonction du système nerveux central.
Le dernier mécanisme de modulation de la douleur est celui que lon retrouve au niveau des centres supérieurs et inclut : le thalamus, le cortex somatosensoriel (I et II), le cortex cingulé antérieur et linsula10,15. La capacité de moduler la douleur de ces centres, notamment par hypnose ou biofeedback, serait préservée chez les fibromyalgiques, selon certaines recherches15. Tout au plus retrouve-t-on une diminution de la circulation sanguine au niveau du thalamus, une découverte dont la signification reste à prouver et qui pourrait nêtre quune conséquence de la dysfonction des CIDN1,4,6.
Les douleurs somatiques et viscérales : un phénomène de convergence spinale
Le syndrome de lintestin irritable, la dyspepsie, la vessie irritable sont des affections médicales que lon retrouve souvent en comorbidité avec la fibromyalgie1,2,4,6. Grâce aux travaux sur les douleurs viscérales réalisés par différents groupes de recherche, il est maintenant prouvé que les afférences nociceptives viscérales font « convergence » aux mêmes sites de la corne dorsale de la moëlle épinière que les afférences somatiques (figure 4) 16,17. Ce phénomène est connu sous le nom de « convergence viscéro-somatique » 16,17. Il explique, par exemple, lirradiation de plusieurs douleurs viscérales aux niveaux somatiques. Lirradiation de la douleur angineuse aux membres supérieurs en est un exemple frappant. Chez les fibromyalgiques, la co-existence de symptômes à la fois somatiques et viscéraux tel que le syndrome de lintestin irritable, est une conséquence probable de ce phénomène. Il faut, en effet, de plus en plus percevoir dans ce syndrome un problème bien plus sensoriel que moteur4,6,16,17.
Par un phénomène similaire, ces afférences (somatiques et viscérales) font « synapse » au niveau dune région intermédiaire de la moëlle épinière de laquelle sont issues les efférences sympathiques18. Il est très possible que certains des symptômes avec manifestations « sympathiques » soient liés à ce mécanisme. Certains auteurs considèrent dailleurs la fibromyalgie comme faisant partie de la famille des affections douloureuses « maintenues par le sympathique » (sympathetic maintained pain ou SMP)18.
Le rôle des hormones sexuelles
Depuis longtemps, les spécialistes de la douleur ont remarqué que plusieurs syndromes douloureux se retrouvent principalement chez la femme. La fibromyalgie, la migraine, larthrite rhumatoïde ainsi que plusieurs autres entités médicales sont de ce nombre2. La douleur ressentie dans ces différentes pathologies est variable et elle suit le cycle menstruel, atteignant des sommets vers la période péri-menstruelle2. Ces information témoignent dune contribution importante des hormones sexuelles. Cela est dailleurs corroboré par les différences observées dans les seuils de tolérance à la douleur dans certaines situations physiologiques, notamment lors de la grossesse et en péri-ménopause2. La situation des fibromyalgiques nest pas différente. La plus grande prévalence de cette affection entre les âges de 40 et 60 ans ne peut que rappeler quil se pourrait que les hormones sexuelles y jouent un rôle important. Des études sont requises pour évaluer laffection douloureuse des fibromyalgiques dans différentes conditions hormonales et à différents âges de la vie. En particulier, il serait intéressant dévaluer le rôle de lhormonothérapie de substitution sur la douleur des fibromyalgiques. Certaines études semblent confirmer les effets bénéfiques de lhormonothérapie sur la réponse nociceptive de la femme et de lhomme2.
Et si la douleur était psychogénique?
Même sil est tentant dattribuer à la complexité des douleurs fibromyalgiques une origine psychologique, il faut comprendre les bases neurophysiologiques de la douleur pour accepter lévidence dun « substratum » biologique. Toutefois, il est vrai que de nombreux fibromyalgiques finissent par présenter des symptômes dépressifs parfois sévères. Des études établissent à environ 30 % lincidence de dépression majeure dans ce groupe de patients4,6. Cette observation nest pas surprenante puisque, comme mentionné plus haut, les niveaux des principaux neurotransmetteurs impliqués dans la dépression (NA et 5-HT) sont diminués chez les fibromyalgiques1,3,4,5,6. Il est possible que la déplétion de ces neurotransmetteurs, en présence de conditions favorisantes (populations de récepteurs 5-HT et NA particulières), puisse produire initialement de la douleur puis, dans une deuxième phase, mener à un état dépressif. Ce serait une erreur de conclure que la dépression est elle-même responsible du phénomène douloureux. En effet, quelques études récentes montrent que la dépression ninfluence pas le seuil de tolérance à la douleur19,20.
Quelle doit être lapproche médicale pour traiter la fibromyalgie?
Le traitement du fibromyalgique ne peut être efficace sans une intervention multidisciplinaire. Toute douleur chronique, du fait quelle implique une composante nociceptive, une composante sensori-discriminative, une composante motivo-affective et une composante comportementale10,21, doit être approchée en tenant compte de ces différentes composantes.
Tout en envisageant un traitement pharmacologique, il est recommandable de vérifier les habitudes de travail, dévaluer lenvironnement du travail, de suggérer un suivi psychothérapeutique pour une meilleure gestion du stgress et/ou de la dépression. De plus, il est indispensable de prescrire un programme adapté dactivités physiques avec une composante aérobique et une composante détirements musculaires. Pour ce, il est parfois nécessaire de solliciter la collaboration de spécialistes en activité physique et/ou de physiothérapeutes. Il est aussi important dexpliquer aux patients que le conditionnement physique, même chez les individus sains, nest pas dépourvu de douleur et que cette douleur diminue avec le temps. Il sagit en quelque sorte dune « bonne douleur ».
Sur le plan pharmacologique, les informations obtenues au cours des dernières années sur la sensibilisation spinale et la dysfonction des mécanismes inhibiteurs descendants des fibromyalgiques permettent denvisager certaines approches. Parmi celles-ci, il faut mentionner (figure 5) :
Lexpérience révèle quil nexiste pas de recette « miracle » pour traiter la douleur de ces patients, mais quil faut parfois faire appel à une ou plusieurs de ces substances pour parvenir à un soulagement adéquat des douleurs.
Il est par ailleurs important de se souvenir que les fibromyalgiques, comme les migraineux et pour des raisons encore inexpliquées, présentent de lhypervigilance à différents stimuli sensoriels (aux bruits, aux odeurs, à la lumière, par exemple)2. Il faut en tenir compte dans la prescription pharmacologique. En effet, on recommande en général de débuter avec des doses très faibles, généralement la moitié de la dose habituelle de départ.
Il serait enfin intéressant de vérifier, lors de lanamnèse, le ou les événements qui ont précédé lapparition des douleurs (agression physique ou psychologique). Il est en effet très possible quil nexiste pas quun seul type de syndrome fibromyalgique. En se basant sur les hypothèses mentionnées à la figure 4, il est possible que certains fibromyalgiques souffrent davantage dune sensibilisation spinale et, dans un tel cas, aient une meilleure réponse thérapeutique aux médicaments qui exercent un effet stabilisateur au niveau de la corne dorsale de la moëlle épinière (anticonvulsivants, notamment). Dautres patients pourraient être davantage affectés par une dysfonction des contrôles inhibiteurs (CIDN), avec ou sans dépression préalable, et pourraient mieux répondre aux agents qui augmentent les neurotransmetteurs appartenant à ce mécanisme dinhibition (la 5-HT, la NA et les enképhalines)22,23.
Un message à retenir
Lorsquon les interroge sur la douleur de leurs patients atteints de fibromyalgie, plusieurs cliniciens mentionnent quils ont été impuissants à soulager les douleurs initialement loco-régionales, mais qui ont évolué dans le temps pour progressivement se généraliser.
Cette généralisation de la douleur traduit, sur le plan neurophysiologique, une sensibilisation spinale et supra-spinale. En effet, contrairement à ce que lon a cru par le passé, il est maintenant prouvé que le système nerveux central est capable de « plasticité » et peut garder « en mémoire », par des modifications cellulaires et moléculaires, les « impressions » nociceptives.
Parmi les mécanismes qui expliquent cette sensibilisation spinale, il faut mentionner laugmentation de lactivité du glutamate au niveau des récepteurs NMDA (n-méthyl-D-aspartate) de la corne dorsale de la moëlle épinière10,24. Chez les fibromyalgiques, il est maintenant prouvé que cette région est lobjet dun phénomène de wind-up14 et donc dune sensibilisation. Lefficacité de certains antagonistes des récepteurs NMDA (kétamine, notamment) à soulager la douleur des fibromyalgiques nest pas étrangère à ce mécanisme25. Malheureusement, les effets psychodyslexiques de ces médicaments en limitent lutilisation.
Il est donc important de réaliser quune douleur aiguë persistante, non soulagée adéquatement, risque de devenir chronique. Doù limportance dintervenir agressivement au moment où la douleur est à la phase aiguë.
En conclusion
En 2002, il ne suffit plus de considérer la fibromyalgie comme un syndrome psychogénique et de la traiter comme telle. Les études neurophysiologiques des dernières années montrent maintenant que la douleur fibromyalgique résulte dun excès de nociception dont lorigine se situe notamment au niveau de la moëlle épinière, et ce, même en labsence dun stimulus périphérique nouveau (phénomène de sensibilisation spinale). Un autre mécanisme est le manque dinhibition centrale de la douleur (dysfonction des CIDN). La prise en charge thérapeutique doit inclure un programme dexercices adaptés, un soutien psychothérapeutique et un traitement pharmacologique lui aussi bien sélectionné.
Et, comme les problèmes fréquemment rencontrés dans lhistoire initiale des patients incluent des traumatismes (cervicaux et locomoteur en général), il est important que le clinicien traite bien la douleur dans sa phase aiguë pour éviter quelle névolue vers la chronicité! g
Réponse
au cas de Gisèle Pour répondre à Gisèle qui vient chercher des informations sus ses douleurs, il est important |
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Pour expliquer les
douleurs
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Pour optimiser le
traitement de ses douleurs
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Références bibliographiques